Rollande Plamondon, 84 ans

Amos

Ça prenait bien une Plamondon pour nous envoyer en l’air ! Ne me dites pas, monsieur, que j’exagère. Je ne pourrai pas être plus franc. Mais attention aux esprits tordus, car je ne parle pas ici d’une fille de joie dans un motel payé à l’heure. En célibataire par choix qu’elle est, Rollande Plamondon n’est pas de ce genre-là du tout. Oh, mais quand vous voyez les nerfs raides de cette femme de 84 ans, impossible de douter une seconde de l’exploit. Elle nous a envoyés en l’air par milliers: shootés d’un élan vif et sec dans le firmament. Nous arrachant à l’orbite terrestre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. T’es jamais sorti de ton petit chez vous douillet? Ah pis en plus, tu te permets de juger les allées et venues du monde entier dans ton salon? Ah ben là, c’est que t’es dû pour passer la voir à son agence de voyages. Tu franchis la porte comme tes parents pis tes grands-parents faisaient, ben depuis 1962; tu signes deux ou trois papiers, pis là… c’est extraordinaire… t’es éjecté par le toit de l’édifice directement au 7e ciel. Elle te fais toujours atterrir quelques heures plus tard direct où s’qu’à t’a dit qu’à t’envoyais. Pis pratique ton anglais, ton espagnol ou ton gesticulage pour te faire comprendre, parce que tu vas en avoir besoin! Rendu là-bas mon vieux, tu vois du pays. Tu vis de quoi qui te sort de ta zone de confort en ti-péché, mais t’es un peu plus grand en dedans de ta tête que la veille. C’est vite résumé, mais c’est déjà beaucoup.

Après quelques jours ou quelques semaines, comme t’es rendu ben loin, tu t’installes au sommet d’une montagne pis tu cries son nom comme un perdu : Rooollannnnnde Plaaaaammmmonnnndooooon. C’est à ce moment-là que tu te fais swigner dans les airs une deuxième fois. Catapulté directement dans la cour chez vous. J’avoue que ça peut être un peu étourdissant, mais une fois que t’es repassé lui dire merci, pis lui montrer ton beau sun tan, penses-y comme il faut : On s’est assez plaint d’être loin de tout dans notre région froide du nord. Les grands-parents n’avaient pas ben ben le choix en s’endurcissant la couenne un peu plus à chaque hiver. Mais nous autres, on irait se plaindre encore en restant dans notre pauvre petit coin? Chialeux de première classe sur tout ce qui se passe dans le monde sans jamais savoir comment c’est vraiment? Non, monsieur! On mérite mieux que de finir de même. Pis c’est une femme qui nous donne ça depuis 55 ans. Je parle de la meilleure raccourcisseuse de distance mondiale qu’est Rollande Plamondon. L’Europe…8 h. Les Antilles…7 h. Montréal… 2 h. Vous imaginez un peu les bras, les nerfs et la précision qu’il lui faut pour nous envoyer aussi précisément et rapidement partout dans le monde? Pas surprenant qu’elle vieillisse si bien en restant de son temps. Oui, elle travaille encore à temps plein à son agence à 84 ans. En plus de viser une plus grande ouverture d’esprit sans se fracturer le crâne, grâce à elle et son élan incroyable, je dirais plus encore: la mondialisation a un nom… Rollande Plamondon!