Né d’une mère dévouée pour tout le monde et d’un père bavard, je trimbale mes contes surtout témiscabitibiens depuis mes premières expériences en 2000 comme fondateur et guide des Circuits GENTOURS en Abitibi-Ouest. Depuis la fin de mes études en science politique et anthropologie à l’Université Laval en 2004, j’ai conté près de 550 fois dans un total de 400 lieux différents. Mon objectif de conter à temps plein s’est concrétisé en 2007. J’ai été applaudi en 2007, avec mes histoires d’Abitibi-Témiscamingue au Sénégal et lors de l’émission La petite séduction à Rollet en plus de celle de Ville-Marie en 2013. J’ai aussi été invité à quelques festivals. À l’été 2008, fort d’une réponse positive du CALQ pour collecter des légendes locales et produire un coffret haut de gamme de 5 cd, je me suis lancé sans le savoir dans le plus gros projet de ma carrière et qui fut véritablement ma rampe de lancement pour les années suivantes. Objet de fierté régionale pour les 1800 acheteurs, le coffret de 100 contes et légendes lancé en 2009 m’a donné du contenu pour des chroniques hebdomadaires dans deux radios différentes durant 5 ans, des prestations diverses et mon spectacle solo « Une chaise pout tout le monde ». Ce dernier, conçu avec une équipe de professionnelle incluant Alexandre Castonguay à la mise en scène, a tournée dans les 5 salles “Spectour” de la région, ainsi que dans 12 autres municipalités rurales pour un total de 1400 spectateurs en 2010. De 2012 à 2016, j’ai eu un autre emploi (Agent de développement territorial à la MRC Témiscamingue, puis Coordonnateur de CommunAT) en plus de faire mes contes, mais je n’ai jamais arrêté de conter et de créer. Je produis parfois pour des contrats corporatifs ou par pur élan créatif. En décembre 2014, j’ai eu la chance d’accompagner l’orchestre symphonique régionale d’A-T dans sa tournée de Noël en livrant une histoire féerique devant plus 2300 personnes dans 5 villes. Depuis mon inscription dans le répertoire québécois des artistes à l’école, j’ai visité plus de 380 classes du primaire et du secondaire pour y donner des ateliers. Fin 2016, j’ai replongé tête première dans le travail artistique de conteur à temps plein et la vie m’apporte de superbes opportunités en plus des projets que j’avance moi-même. Le nouveau service de bilan de vie/bilan de carrière conduisant au terme d’un travail d’archives, à produire un conte sur la vie de quelqu’un, fait partie de cela. Pour sa part, le projet “Aînés d’exception” où j’ai rencontré plus de 160 personnes qui ont marqués leur entourage et la région dans le but d’en faire un nouveau livre de contes et légendes de l’Abitibi-Témiscamingue, ainsi qu’un grande tournée de spectacles pour jeunes et adultes en 2019, est le plus gros défi jamais réalisé dans ma carrière occupant 70% de mon temps durant 2 ans. Ensuite, la création du projet “Surfer sur la vague” jetant un éclairage vif sur des initiatives inspirantes et variées de témiscabitibiens réussissant à garder le moral en pleine époque de pandémie et se déclinant en 70 capsules audio-visuelles d’une minute (TVA A-T, WOW-FM, CKVM, CHUN-FM, Radio Boréale), fut le fruit d’une collaboration temporaire, mais intense avec la RAIDDAT durant 8 mois. La production d’un nouveau spectacle à partir des contes de Gilles Vigneault (Comme une bouteille à la mer), ainsi que sa diffusion, complète avantageusement le topo. En soi, me faire interprète des contes de mon idole de sagesse avec son aimable autorisation, est un vieux rêve que je réalise. Même si je produis des contes traditionnels et internationaux, mon style de prédilection demeure toutefois le conte contemporain fantastique où l’humour et l’Abitibi-Témiscamingue occupent une place de choix. Ma bouche loquace n’attend que vos oreilles curieuses.
Mon implication artistique dans la collectivité
Témiscabitibien jusqu’au bout des doigts, ma création est en lien direct avec la région. Également, les contes et légendes sont un terrain de jeu de prédilection pour ceux qui veulent s’ancrer quelque part. Conter à propos des ponts couverts à La Sarre, d’où je suis natif, c’est nécessairement parler d’ici, faire des recherches pour dire vrai, entrer dans l’intimité rurale et parfois urbaine d’un secteur précis et finalement colporter cette histoire à un maximum d’oreilles curieuses dans toutes sortes de contextes. La grande majorité du temps, les gens me le rendent bien, fier de voir que je parle de leur coin de pays.
Démarche artistique du chevaucheur d’orignal
J’ai spontanément le réflexe de bâtir mes histoires à partir de gens, de faits et de lieux d’aujourd’hui ou d’un passé pas très lointain, et de leur donner un caractère exceptionnel et positif. Il y souvent un mélange impossible à départager par l’auditeur entre les faits bruts et ceux inventés; ce qui est le propre d’une légende. En fait, cette forme réaliste-fantastique est très présente chez moi, bien que j’aime varier avec d’autres styles suivant le type de propos à porter à l’attention du public. Avec mon goût marqué pour l’histoire, j’ai développé une forte tendance à collecter des récits de vie et à en faire des légendes souvent touchantes. J’entretiens des contacts à la fois professionnels et chaleureux avec les gens avec qui je fais affaire. Un de mes credo est de m’adapter aux multiples personnalités et aux âges très différents des gens qui veulent bien me livrer leurs histoires, parfois bien personnelles. Dans ces cas, c’est juste après avoir collecté les témoignages, effectué des recherches complémentaires et caractérisé les personnages en fonction d’un message principal, que j’écris le texte.
Mon expérience dans la création de légendes courtes m’a amené à bien maîtriser les méthodes conduisant à capter l’attention rapidement et à conclure suite à un dénouement inattendu et souvent humoristique. D’ordinaire, mon texte est composé de manière à être à être plus captivant à l’oral qu’à l’écrit. Cela représente donc ma matière de base pour le livrer en prestation après l’avoir relu, segmenté, retravaillé vu l’ajout de gestes, de déplacements et de procédés verbaux qui le bonifie (intonation, débit, volume, etc). Le parcours émotif émerge naturellement et je me présente devant les gens après avoir répété plusieurs fois pour que l’histoire me vienne instinctivement. Dans les ateliers de création de contes et légendes que j’offre au milieu scolaire, on part souvent des ouï-dire et de faits insolites entendus par les jeunes, pour ensuite trouver un personnage qu’on caricature ensemble, avant d’avancer l’histoire souvent teintée d’un défi technique qui la rendra plus intéressante.
Mes expériences professionnelles de gestionnaire de projet et d’agent de développement rural m’ont donné beaucoup de matériel jadis, pour confirmer ma place comme conteur de métier et teinter ma vision des choses par l’angle du développement régional. Je raffine mes contes, j’en créer de nouveaux, je lis sur le sujet, j’en discute et j’en écoute. Si des conteurs-phares comme Fred Pellerin transportent leurs villages ou leurs villes sur leurs dos, pour en raconter des bouts de par le vaste monde, moi, c’est ma région entière dans toute sa complexité et sans exception que je souhaite transporter. Ça peut être lourd, mais combien nécessaire pour se sentir liés les uns aux autres dans notre belle et fière région témiscabitibienne!