
Paul-Denis Lizotte, 95 ans
Malartic (anciennement Vassan et Nicolet)La mémoire de Paul-Denis est un fromage Gruyère. À cause de son âge et de sa condition, peu de souvenirs restent. Toutefois, s’il y a une chose sûre et certaine, c’est qu’il peut me raconter tout en détails la fois qu’il travaillait dans un chantier où il abattait de gros pins rouges et d’immenses pins blancs au godendard. À la longue il savait comment bien faire les choses. Mais, cette journée où il est passé à deux doigts de mourir reste gravée dans sa mémoire parce que son partenaire et lui avaient prévu de faire tomber l’arbre sur un côté, mais le vent en a décidé autrement. Quand une pièce de bois aussi grosse qu’un pin te tombe dessus, le mouvement lent mais imposant est de nature à faire déguerpir n’importe quel homme de chantier avec des nerfs aiguisés et un bon instinct. L’instinct de survie. Toute une vie rongée par l’oubli pour se retrouver à 95 ans en présence du souvenir vivace de se revoir à deux doigts de mourir, dans la vingtaine, ça fait réfléchir. Toi, le lecteur de ces lignes… si ta mémoire se réduisait comme une peau de chagrin, quel moment limite de ta vie penses-tu qu’il te resterait au bout de tes jours?





