
Lucille Roy, 78 ans
Malartic (anciennement St-Edmond)Lucille a choisi de faire entrer la musique dans sa vie. La faire entrer par la grande porte d’en avant et la laisser résonner dans sa maison pour que dure cette connexion avec l’essentiel d’elle-même. Oui, c’est lors d’une soirée festive de financement de la nouvelle église de St-Edmond, près de Val-d’Or, qu’elle s’est décidée d’accepter les avances d’un des meilleurs violoneux du coin : Réal Girard, originaire du Lac-Saint-Jean. Le sourire ne décrochait pas de sur son visage et, à bien y penser, quelle réserve inouïe de plaisir en banque que d’habiter avec un violoneux jovial ! Marié à 20 ans, elle a passé les années suivantes de sa vie avec de la musique à profusion dans l’assourdissante cacophonie des notes pèles-mêles des trois enfants qui étudiaient des instruments différents au Conservatoire de musique de Val-d’Or. C’était avant de vibrer au son continu de ses airs préférés à la radio, une fois retraitée.
On dit parfois que la musique élève l’âme, comme si c’était un souvenir du temps où l’âme était libre, avant de devoir entrer dans un corps de chair. On dit aussi que les battements du cœur sont là pour nous rappeler le rythme primaire de cette musique et la nécessité de s’y adonner le plus souvent possible. Aujourd’hui, Lucille a une âme si bien nourrie par la musique qu’elle attire les confidences de presque tout le monde sur l’étage de la résidence d’aînés où elle habite. Moi-même j’ai dû faire la file et deux autres personnes attendaient que je sorte. Ses trois enfants sont fiers de se savoir détenteur de secrets musicaux par les bouquets mélodiques qui leur procurent le bonheur et celui des autres. Un des enfants a même confié à leur père Réal sur son lit de mort que la musique, c’est le plus beau cadeau qu’ils aient reçu. Quelque part, cela conforte le choix originel de Lucille qui a fait entrer la musique dans sa vie par la grande porte d’en avant.





