Jean-Guy Côté, 70 ans

Rouyn-Noranda (anciennement St-Éloi)

Jean-Guy Côté est remarquable pour avoir corrigé une erreur historique importante remontant à 1987.

C’est en 1987, après la venue à Rouyn-Noranda de 60 très jeunes professeurs sur les 100 que comptait l’UQAT en 1971, que tout cela s’est passé. Jean-Guy est de ceux-là. C’est après les grandes grèves et les fleurs dans les fusils. C’est après avoir révélé à la face du monde le génie créateur des artistes du Québec, trop longtemps refoulé dans une noirceur d’encre. L’audace à l’index. 1987, c’est après que les grandes institutions aient bougé puis se soient doucement sédentarisées, et après que le théâtre ait montré avec force ce dont il était capable pour provoquer des changements sociaux en se faisant un vrai miroir de qui nous sommes. Face à face. Yeux dans les yeux, même si ça fait mal. C’est après que la région ait commencé à se souder pour former l’Abitibi-Témiscamingue en laissant le trait d’union comme une cicatrice perpétuellement visible.

En fait, en 1987, on faisait des États généraux sur la Culture en Abitibi-Témiscamingue pour savoir dans quoi on est bon. Dans quels endroits? Qu’est-ce qui reste à faire et comment élaborer le top 3 des projets régionaux à subventionner ? Dans le tirage de couvertes suivant les guerres de clochers, la première place faisant une rare unanimité : créer un lieu de diffusion spécialisé et un plateau de répétition de théâtre à Rouyn-Noranda jumelé à un Centre d’exposition régional prenant la forme d’un Centre culturel. Unanimité dans la région. Unanimité chez les fonctionnaires et les politiciens. Tous… sauf le maire Bibeau et son conseil de ville à Rouyn-Noranda. Tout tombe à l’eau.

Dans les années suivantes, le théâtre est à l’étroit pour pratiquer et jouer convenablement même si le Centre d’exposition, lui, se trouve une place à l’arrière de la bibliothèque municipale. Jean-Guy, en plus d’avoir été actif positivement dans la décevante saga de 1987, s’engage à remettre le projet de théâtre sur les rails avec un comité. Les dés sont pipés. Une proposition au Centre-Ville : impossible. Des dépenses en plan et devis sans le comité dont il fait partie, conduisent à un projet d’agrandissement du Théâtre du cuivre. Impossible non plus : un jeu de coulisse semble se jouer en haut lieu. À Québec, on semble se dire, tout comme Jean-Guy, qu’il y a un besoin impératif pour un projet qui se tient à Rouyn-Noranda. Or, 2 ou 3 poids lourds sont assis sur les commandes et ont un agenda tout autre. Jean-Guy, avec d’autres, se décide alors, malgré l’absence de consensus, à plancher sur un nouveau projet.

Le Vieux-Noranda se développe de plus en plus autour de la culture et la vieille église catholique du coin se cherche une nouvelle vocation. On va faire un nouveau lieu spécialisé en théâtre et corriger l’erreur historique de 1987 en réalisant l’Agora des arts. Le projet est passé par-dessus la tête des 2-3 poids lourds qui n’ont eu d’autres choix que de bouger, et des organismes et événements sont venus se greffer. Les spectateurs ont vu l’offre culturelle augmenter encore d’un cran, et le monde a continué de tourner malgré quelques reconfigurations.

Jean-Guy a fait bouger des grosses institutions à une époque où elles ne bougeaient presque plus. En fait, on peut dire qu’il a traîné la Révolution tranquille jusqu’aux années 2010 et il se bat encore parce qu’il croit fondamentalement que l’Art rend les hommes et les femmes meilleurs!