Germain Vezeau, 80 ans

Amos

Rendre les pauvres moins pauvres par le microcrédit et l’entraide à l’aide de la Caisse populaire Desjardins d’Amos dès 1956.

Entrainer les « m’as-tu vu » fortunés par du porte à porte à mettre leurs actifs chez Desjardins pour aider les pauvres d’ici à recevoir du crédit et dépenser dans l’économie locale, tout en ne perdant pas une cenne de rendement.

Dépasser toutes les attentes en faisant passer la Caisse de 174 000$ d’actifs à 5 000 000$ en 5 ans et de 2 employés à 7.

Rencontrer les étudiants pour fonder des caisses scolaires tout à fait non rentables à court terme, mais sur l’idée que le geste d’épargne sera payant pour les jeunes plus tard et payant pour la Caisse beaucoup plus tard.

Enseigner bénévolement la gestion de crédit à près de 150 agriculteurs locaux d’Amos, de La Sarre, de Poularies, de Barraute et j’en passe, gratuitement et en créant pour la province ces cours du soir où plusieurs ont vu leur entreprise monter en flèche ou éviter la faillite.

S’instruire à Lévis sur les lois et techniques de crédit et redonner ce savoir par des cours bénévoles du soir à des citoyens dans le besoin.

Se donner à l’ouvrage en accomplissant tous les corps de métier dans une Caisse par manque d’employés d’abord, mais s’en servir pour mieux connaître tous les rouages du fonctionnement interne, et ainsi proposer des solutions parfaites aux problèmes du moment.

Être cordonnier mal chaussé en étant devenu insolvable en début de carrière, par insouciance dans son budget, mais prendre appui sur cette expérience pour mieux donner ses cours en partant des principes appliqués à lui-même.

Mettre sur pied du service technique aux Caisses de toute la région qui emploie aujourd’hui plus de 60 personnes.

Être le premier à instaurer l’informatisation d’une institution financière en région au printemps 1973.

N’avoir d’autre choix que de revenir travailler pour les Caisses comme homme de la situation pour redresser de manière musclée la situation dramatique de la Caisse populaire Desjardins de Val-d’Or pour deux ans en 1978, en se montrant l’incorruptible redresseur de tord toujours au service des petits épargnants, l’actif passant de 8 millions à 19 millions.

Tasser ce Robin des bois moderne de plus en plus selon lui, au fur et à mesure que les Caisses se sont mises à glisser au niveau de leurs valeurs fondamentales, pour commencer à devenir allergique aux discours comme les siens.

 

Faire zéro demande d’augmentation de salaire durant toute sa carrière, pour laisser le soin aux patrons d’en octroyer au mérite. Ironiquement pour un banquier… le gain d’argent n’ayant jamais été une priorité personnelle pour lui.

Impression forte d’une femme venant la voir avec une belle robe neuve et n’ayant plus jamais recours aux prêts parce qu’elle sait faire un budget par enveloppe fermée telle que prônée par Germain dans ses cours du soir.

Nuits nombreuses passées en début de carrière avec Marcel Lesyk à tenter de faire balancer la caisse et éviter de devoir piger dans leurs poches pour y arriver.

Arrangements avec le directeur général Gérard Leblanc pour faire tout ce qu’il ne voulait pas faire par gêne ou manque de temps.

Ne jamais placer la recherche de profit à court terme aux dépens de la justice et de l’équité des humains.

Créer durant deux ans une Caisse dans une Caisse pour que, par passe-passe comptable, les épargnants volontaires au sein d’une entreprise cotisent dans un fond qui augmente leurs chances d’avoir des emprunts beaucoup plus considérables en cas de besoin.

Informer même des syndicats pour que des fautes ou des vices de procédures syndicales internes puissent être corrigés, pour le mieux-être des employés.

Être bouche bée devant un médecin en 1959 qui arrive au comptoir avec 45,000$ dans un sac brun pour déposer à la Caisse d’Amos suite au plaidoyer de Germain lui disant que, si son homme d’entretien ne pouvait pas avoir de prêt, c’est parce que l’actif de la Caisse n’est pas suffisamment élevé pour le faire: les riches préférant investir ailleurs dans le monde, mais sans impact positif sur le crédit des petits épargnants d’ici.

Rester intègre et être de tous les combats pour redresser des torts et faire en sorte que toute la collectivité y gagne par la gestion saine de l’argent. C’est une question d’équité. Une perpétuelle nécessité. Un principe qui ne devrait jamais se démentir.