
Gérard Barbe, 82 ans
Témiscaming (anciennement Fabre et Tee lake)Gérard, combien de milliers de kilomètres doit-on faire sur l’eau pour se sentir habité jusque dans la moelle des os, de la responsabilité profonde de préserver un lac?
Combien de malfrats faut-il trouver coupables pour sentir que le territoire est bien protégé?
Combien faut-il d’armes pointées sur soi pour comprendre la minceur du fil d’une vie?
Combien faut-il aimer une femme pour accepter le lourd devoir de veiller à ses vieux jours, quand le déclin s’éternise?
Combien de statues de plâtre faut-il sauver et chérir pour honorer correctement la mémoire des églises défroquées?
Combien de fois faut-il négliger d’arrêter un coupable le temps que Noël passe, pour se sentir humain?
Combien de causes faut-il taire pour donner illico du temps d’audience à des causes coup de cœur, que la nécessité réclame pour qu’un ministre comprenne?
Combien loin faut-il aller dans la profondeur des bois pour rencontrer les plus grands big shot que la terre ait porté?
Combien de mots faut-il pour imprimer sur le cœur un lac, à l’enfant qui écoute ou combien en faut-il pour river un territoire aux talons de celui qui marche dans tes traces?
Combien de poissons saisis faut-il donner à des familles pauvres pour arriver à faire la paix intérieurement avec la surpêche?
Gérard, je repars et je te trouve grand ! Par toi, je sais et je comprends.





