George Trépanier et Claudette Morissette, 89 ans
Rouyn-Noranda (anciennement Amos et Duparquet)Je pourrais vous parler plus en détail du travail de mécanicien et de machiniste que faisait George Trépanier. Il débuta ce métier avec sa touche d’avant-garde faisant de lui le seul à Amos à l’époque à être capable de réparer les machines industrielles à « steam » (à vapeur). Puis, un peu plus tard, il travailla sur celles qui fonctionnent au diesel.
Je pourrais aussi vous mentionner que c’est son équipe de travail qui était responsable de l’installation du clocher de l’église du Christ-Roi à Amos, en 1955.
Que son vieil ami Serge Savard (Oui! Le gars du Canadien de Montréal) partait de Landrienne tous les matins pour venir à l’école à Amos… à cheval. Il l’attachait à l’entrée tout simplement.
Qu’il a inventé un « snowplane » à Duparquet au début des années 50 avec un moteur de Subaru, pour filer sur les lacs et les rangs enneigés sans problème.
Qu’il a été un des grands responsables de la création technique et de l’installation des grandioses 2e Jeux du Québec tenus à Rouyn-Noranda en 1973.
Qu’il a tué un buck de 60 pouces de panache à Rémigny.
Qu’il avait un « Tour à fer » dans son établi qui servait supposément à tuer les sorcières… devant le regard admiratif des enfants !
Qu’il a rencontré la superbe Claudette Morissette en chantant « Mexico… Mexiiiiiiiiiiiiiicoooooooooo!!! » dans un bar pour mériter sa bière, alors qu’ils travaillaient à la mine Barview de Barville (près de Barraute). Après un an de voyagement et d’innombrables crevaisons, il finit par dire à Claudette : « On se laisse ou on se marie? » Elle, de répondre : « Fais pas le fou! Marions-nous! »
Je pourrais aussi vous dire que sa femme Claudette, après des études en secrétariat, a travaillé pour le Notaire Hébert. Voyant que seuls les employés qui fumaient avaient le droit de prendre des pauses de 15 minutes… elle a commencé à fumer !
Que, sans arrêter de fumer, elle est allée travailler ensuite à la mine Barview pour le double du salaire. Un salaire plus élevé dans les mines, ça ne date pas d’hier.
Qu’à la mine, elle s’est mise à cumuler les responsabilités par sa grande compétence et sa débrouillardise.
Que c’est sur sa réputation que Jacques Rheault est allé la chercher pour travailler au Cégep de Rouyn-Noranda jusqu’à la fin de sa carrière.
Mais je m’attarderai pas plus longuement sur un moment précis qui remonte à 1985. George et Claudette habitent depuis peu à Duparquet dans une maison à deux pas du terrain de Golf Beattie, érigé par les dirigeants de la mine qui est toujours en fonction, à ce moment. Le couple est endetté, mais heureux. Très souvent George va jouer au Golf avec des « big shot » de Rouyn-Noranda qui ne se doutent pas que lui n’est pas un « big shot » du tout, mais bien un mécanicien-machiniste qui cumule les heures pour boucler les fins de mois. Un bon jour, la chance lui sourit : d’un élan parfait, la balle frappée avec aplomb monte puis redescend pour rouler enfin dans le trou directement. Un trou d’un coup! Hourrah! Le hic, c’est que la tradition veut que celui qui fait un trou d’un coup doive payer la traite à tout le monde. Il se trouve qu’il y a beaucoup plus que deux personnes au Golf cette journée-là! Si la chance lui souriait, George, quant à lui, riait jaune. Il passe chez lui dire cela à sa femme en panique, avant de prendre les maigres 37$ qu’ils avaient d’économies pour aller passer cela en boisson au Club de golf. Pendant qu’il avait un verre à la main lui aussi, le gérant de la mine s’aperçoit que c’est George Trépanier qui a payé pour tout le monde. Or, c’est de la responsabilité de la mine de bien s’occuper de ses employés et de ses citoyens avoisinants. Ils se connaissent bien et le gérant connaît la situation des Trépanier. Subtilement, il passe en fin d’après-midi pour essuyer les larmes de Claudette et leur donner 40$ pour couvrir les frais de la mésaventure. Ainsi, le coup de chance de George au trou numéro 5 fut réhabilité en souvenirs heureux. L’anecdote en dit long sur ce que c’est qu’habiter dans une ville minière.
Si la suite vous intéresse, sachez que George a joué tant et si bien par la suite qu’il a à son actif 7 trous d’un coup sur le terrain de golf de Duparquet. Il n’a plus de problèmes pour payer la tournée et, à force de se faire connaître comme un expert de l’usinage de pièces en tout genre, le Club lui a fait l’honneur de lui commander la création d’un périscope pour que les joueurs au trou numéro deux puissent voir leur balle atterrir par-dessus la butte. L’objet est encore en fonction. Par ailleurs, je me plais à vous rappeler que si la fin du monde arrive un jour par un déluge incroyable et que Noé (prise 2) souhaite sauver les derniers humains dans un sous-marin, n’oubliez pas qu’il y a un périscope disponible au trou numéro 2 de Duparquet. Prière de conserver la plaque du nom de George Trépanier, juste au côté. Merci.





