François Lemieux, 65 ans

Landrienne

Il a l’humanisme du grand syndicaliste Louis Laberge, la dévotion pour une cause à la René Lévesque, la pensée économique émancipatrice d’Alphonse Desjardins, la compassion pragmatique d’Émile Boudreault, les convictions dans l’adversité de Churchill. « Dis-moi qui tu admires et je te dirai qui tu es ».

Toutes ces grandes figures de l’Histoire contemporaine ont une chose qui les rassemble : elles ont le sens du projet collectif. Le flair pour l’utilisation efficace des symboles et le sens du discours, pour inviter à la réflexion et à l’action. Les phrases de Normand sont truffées de citations célèbres qu’il lance avec des yeux sincères. Il en lance de son cru, mais il est passé maître depuis si longtemps qu’on ne voit pas la différence entre les phrases des grands de l’histoire et celle de son discours sur l’Abitibi. Maire de Landrienne pendant 28 ans, ancien chef syndical défendant farouchement les travailleurs dans des dizaines de conflits musclés, agriculteur, ancien candidat bloquiste et grand patriote, il fut un observateur contemporain aguerri et homme d’action.

Voici quelques citations parmi tant d’autres prononcées en plus de 3h30 de conversation. Essayez de départager les siennes de celles des grands noms de l’Histoire :

« La cathédrale, c’était un projet fou ! Oui, mais… qui va refuser de prêter ensuite à un peuple qui a été capable de ça? »

« On est en train de se donner l’instrument de notre libération nationale. »

« On serait… quelque chose comme un grand peuple. »

« Un rideau de fer vient de tomber sur l’Europe. »

« Quand je travaille ma terre, je construis mon pays. »

« Gouverner, c’est déplaire. »

« Un projet de société, c’est plus que l’économie. Ça prend tout. Il faut les artistes, le social, mais surtout… le rêver, ce projet. »

« J’ai une grande admiration devant l’œuvre des gens ordinaires. »

« Le vrai patriotisme commence par les gens de la base. La patrie, c’est leur seule possession. »

« Entre le plus brillant et le plus mal engueulé des leaders, pour déplacer des montagnes, ça dépend du monde en arrière de toi. »

« En tant que franco-ontarien, quand on arrive au Québec, on prend goût à se faire servir en français. »

La puissance des mots est immense. Quiconque la possède peut soulever des foules jusqu’aux révolutions, autant qu’elle peut blesser d’une entaille bien plus profonde que tous les couteaux du monde. Qui manie le verbe, manie le monde. Et François le sait.