Clovis Gravel, 86 ans

Amos

Clovis fait partie des 5 gars qui ont découvert le gisement minier de Joutel en 1959. Il a vu les aiguilles bouger. C’est ses yeux à lui qui ont vu ça en premier. Première job, première saison avec ses partenaires de travail. Les machines venaient d’être inventées pour remplacer la méthode de gosser au feeling avec le pic pis la pioche.

« On se fait geler à faire de la ligne pendant longtemps. Pis après, à tous les 100 pieds, on plante des poteaux. À chaque poteau, batteries sur le dos, ce sont deux machines électromagnétiques puissantes qu’on a dans nos mains qui garrochent un champ magnétique de 200 pieds. Si ça conduit pis que l’aiguille bouge beaucoup, c’est que c’est bon, ce qui est dessous. Moi je m’en doutais qu’on pognait de quoi. Après, c’est l’ingénieur, les cartes pis le forage pour confirmer le gisement, pis on “stake les claims”. »

Le reste se lit comme sur les lignes de la main: grosses installations, les routes, les maisons, les commerces, le monde pour faire vivre tout ça. Clovis Gravel a goûté au plaisir et à la satisfaction d’avoir pu provoquer par sa découverte l’agrandissement de la province de Québec. Rien de moins ! Le reste est peut-être ben le fun à raconter… les pas de cœurs qui sont morts du cœur, les 40 onces de gin, le niveau des rivières à Kuujjuaq, la vie de liberté… mais ça ne battra jamais d’avoir trouvé le gisement de Joutel.